Ôgure Itô est un mangaka né le 22 février 1972, dont l’adaptation phonétique de son nom donne lieu à Oh! Great.
Des salles de pachinko aux planches d’Enfer & Paradis, l’écart est bien moins grand qu’il n’y parait. C’est en tout cas l’évolution qu’a connu le jeune Oh! Great. Salaryman de la vingtaine passée, il tente alors un concours organisé par un magazine érotique, Hot Milk. Trustant un prix, il se fait remarquer via son oeuvre September Kiss et empoche un peu moins de 800 euros. Cet habitué des salles de jeux s’en va alors embrasser une carrière de mangaka que le genre érotique façonnera.
Après s’être fait les dents via plusieurs histoires ecchi (5-Five, Junk Story), Oh! Great travaillera pour différents éditeurs et participera notamment à un projet média-mix (qui est décliné en plusieurs médias : livre, jeux vidéo…) appelé Himiko Den. Bien qu’assez faiblard techniquement, ce one shot pose les grandes lignes du style Oh! Great : un penchant pour la baston, un zeste de spiritualisme, et un ratio très important de bonnets D (voire plus…).
Enfer & Paradis (Tenjo Tenge) marque en 1997 la vraie naissance du mangaka. Publiée dans l’Ultra Jump, la série a la fraîcheur d’un shônen mais drague davantage avec le seinen grâce, une nouvelle fois, à une forte dose de violence et de sexe. Entre bain de sang, insultes et scène de viol, Oh! Great ne ménage pas ses lecteurs, s’appliquant aussi à mettre en place une intrigue des plus correcte. Ses progrès constants sont visibles à chaque page : une tendance qui se confirmera avec Air Gear, sorti en 2003.
Maîtrisant bien mieux les anatomies (carence qu’il cachait par l’exagération), l’auteur franchit un palier sur cette nouvelle série, combinant ses anciennes influences à celle d’un Masakazu Katsura par exemple. Ses décors sont plus fins, son découpage mieux pensé, et son style urbain (ses personnages sont ultra à la mode) s’exprime avec plus d’assurance, et on note un vrai travail sur les textures. Tout comme le dernier tiers d’Enfer et Paradis, il apporte un plus grand soin à son tramage et son encrage. Dans le fond Air Gear ne révolutionne pas son genre, mais s’impose comme le titre le plus maîtrisé, d’un point de vue technique, du mangaka.
Après Panini et Pika, Oh!Great s’en ira chez Kazé Manga, le temps de collaborer avec Maijo Ôtarô sur le manga Biorg Trinity. Si l’alliance ne restera pas dans les annales, à cause d’un manque de clarté évident, quelques planches d’Oh! Great méritent le coup d’œil.
Pour terminer, notons la participation du mangaka sur divers jeux vidéo. Il est par exemple à la création d’un costume pour la licence Soul Calibur et a logiquement contribué à Himiko-Den. Enfin, il est toujours bon de préciser que ses deux titres phares, Air Gear et Enfer & Paradis, ont connu des adaptations en anime plutôt réussies.
Oh! Great, c’est pour qui ?
Très clairement Oh! Great se réserve à un public ayant déjà le permis ! Plus sérieusement, la remarque vaut surtout pour ces débuts, jusque Tenjo Tenge. La suite, notamment avec Air Gear, se veut (très) légèrement moins osée, mais repose quand même sur des codes du shônen mêlant baston nerveuse et chemisiers aux fermetures défectueuses. Une recette efficace (et assumée) qui n’a cessé d’être améliorée par les progrès de l’auteur.
Bibliographie sélective :
- 1996 : Himiko-Den (fantastique) – Pour public averti – Panini
- 1997 : Enfer & Paradis (seinen, baston, bonnet D) – Pour public averti – Panini
- 2003 : Air Gear (shônen, comédie, baston, bonnets D/E ) – Pika
- 2012 : Biorg Trinity (SF, action) – Kazé Manga
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